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Tout comprendre sur le commerce d'ailerons de requins en Europe et pourquoi l'interdire est crucial

Les requins sont essentiels pour les écosystèmes marins

Plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons provient de l’Océan. La dégradation des populations de poissons, y compris les requins, nuit à la bonne santé des écosystèmes marins, et on connait le rôle de l’Océan comme l’un des principaux puits de carbone de la planète.

La protection de la biodiversité et des écosystèmes résilients ainsi que la durabilité de notre économie bleue et du secteur de la pêche sont des priorités majeures du Green Deal de l’UE. Les requins sont un élément clé et un facteur déterminant du tourisme océanique, de la pêche et de la sécurité alimentaire.

Tous les habitants de la planète dépendent d’écosystèmes sains et fonctionnels. La décimation des requins n’est plus seulement un problème lié à la pêche, mais un élément essentiel des efforts de protection de la biodiversité dans les océans, et donc une préoccupation pour tous.

La surpêche des requins

La demande d’ailerons de requins exerce une pression de pêche sur les populations de requins dans le monde entier. Cette situation va directement à l’encontre de tous les efforts de conservation.

  • Plus de 100 millions de requins sont tués chaque année, principalement pour leurs ailerons.
  • Les populations de requins en haute mer ont diminué de plus de 70 % au cours des 50 dernières années.
  • 50% des espèces de requins sont menacées ou quasi menacées d’extinction.
  • Et même, deux tiers des espèces issues du commerce mondial des ailerons de requins sont menacées d’extinction.

Trouver autant d’espèces menacées d’extinction dans le commerce mondial des ailerons est un signal d’alarme clair qui indique que le commerce international est l’un des principaux moteurs de la pêche non durable. Et tout autant de signes évidents que les autorités chargées de la pêche n’ont pas réussi à protéger les requins.

VOIR LA DÉCLARATION DE L'IUCN SOUTENANT NOTRE ICE

Le rôle réel des pays de l'UE

Si les États membres de l’UE ne sont pas les principaux consommateurs d’ailerons, ils font partie du problème en tant que fournisseurs d’ailerons à l’Asie. Actuellement, l’Espagne, le Portugal et la France figurent parmi les 15 premiers pays pêcheurs de requins au monde. Cette situation est incompatible avec les engagements de l’UE en matière de protection de la biodiversité et des océans.

Tout pays qui soutient et participe au commerce des ailerons contribue à la surexploitation des requins.

POUR EN SAVOIR PLUS

L’Union européenne fournit jusqu'à 45% des ailerons de requins retrouvés sur les principaux marchés asiatiques

L’UE est un acteur majeur du commerce d’ailerons à échelle mondiale, capturant des requins dans toutes les régions du monde et approvisionnant les marchés de la RAS de Hong Kong, de Singapour et de la province de Taïwan, où l’on estime que plus de 50% du commerce mondial d’ailerons de requins est écoulé.

Seuls 20 % environ des 100 000 tonnes de requins pêchés chaque année par l’UE sont capturés dans les eaux européennes.

POUR EN SAVOIR PLUS

Le problème de la viande de requin

Promouvoir la viande de requin comme source de protéines saines, c’est tromper le public. Il est bien connu que les grands prédateurs à longue durée de vie tels que les requins accumulent des niveaux élevés de toxines telles que les PCB, l’arsenic, le plomb et le DDT.

L’OMS, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) notamment déconseillent aux femmes en âge de procréer, aux femmes enceintes et aux enfants de consommer des poissons prédateurs à longue durée de vie tels que le requin, l’espadon et le thon.

POUR EN SAVOIR PLUS

Les impacts économiques

Les principaux bénéficiaires des opérations de pêche au requin de l’UE sont un groupe relativement restreint d’opérateurs de pêche, ainsi que les acteurs de la chaîne d’approvisionnement qui y sont associés et qui sont basés dans l’UE.

Il est clair que l’économie du secteur de la pêche ne peut être considérée isolément. Le gain de quelques-uns a un impact négatif considérable sur d’autres secteurs de l’économie, tels que le marché croissant de l’écotourisme, la pêche côtière de subsistance et la santé humaine.
Le choix de pratiques durables et régénératrices à long terme dans l’océan renforcera la résilience climatique, ce qui pourrait permettre d’économiser des milliards de dollars en dommages futurs et en coûts d’atténuation.

D’autres part, les pays non européens voient leurs ressources épuisées par les flottes européennes de pêche aux requins, ce qui a des répercussions négatives sur leur économie et contribue au déclin de ressources viables pour les communautés côtières qui dépendent de la pêche de subsistance à petite échelle.

Un marché légal d’ailerons de requins crée une faille pour les ailerons illégaux

La valeur marchande élevée des ailerons de requins est la principale raison pour laquelle les requins sont pêchés à des taux insoutenables et pour laquelle la pratique cruelle du “finning” (couper les ailerons des requins alors qu’ils sont encore vivants et rejeter le reste du corps à la mer) se poursuit, qu’elle soit légale ou non. Tout l’enjeu est de savoir comment s’attaquer efficacement à ce problème.

Sur le territoire européen, la pratique du “finning” est heureusement interdite depuis 2013 obligeant les pêcheurs à débarquer les requins entiers au port. Cette pratique est aussi illégale dans de nombreux pays, mais c’est une loi inefficace car très difficilement applicable.

Et bien que l’UE ait des obligations de conservation en vertu de la CITES et de la CMS, des espèces de requins menacées ou protégées continuer de pénétrer sur le marché en raison d’une législation inadéquate. Un marché légal pour les ailerons de requins crée une faille pour les ailerons illégaux, car l’origine et l’espèce sont difficiles à retracer. Les ailerons de requins, une fois détachés du corps, ne peuvent être identifiés qu’au moyen de tests ADN complexes et coûteux. Les inscriptions à la CITES prouvent que la pêche au requin met en péril de nombreuses espèces de requins. Toutefois, la réalité est que le contrôle des espèces CITES dans tous les ports sera un processus de longue haleine et ne pourra être efficace que lorsque chaque port de débarquement pourra être doté d’inspecteurs qualifiés.

Plusieurs décennies de tentatives de régulation par les différents organes de la pêche n’ont donné aucun résultat et les populations de requins continuent de décliner de manière drastique. C’est la preuve ultime que les lois actuelles ne sont pas suffisantes et que la gestion des requins, et en particulier le commerce des ailerons, ne peut plus être le domaine exclusif de la gestion de la pêche. Les requins et les raies doivent être gérés comme des espèces sauvages très menacées. Les ailerons doivent être traités non pas comme un produit de la pêche, mais comme une marchandise qui alimente un marché mondial, des activités criminelles, des pratiques dangereuses pour les travailleurs et même l’esclavage en mer.

Les réglementations interdisant le “finning” des requins et celles obligeant les navires à “débarquer les requins entiers” sont des politiques évidemment nécessaires mais ne sont pas assez efficaces en raison de leur caractère pratiquement inapplicable. Pour faire appliquer ces réglementations, il faut que les contrevenants soient pris en flagrant délit d’enlèvement des nageoires. Or, une fois que les ailerons sont détachés du corps du requin, il est impossible de prouver l’enlèvement des nageoires ou de déterminer si le requin était ciblé ou s’il s’agissait d’une prise accessoire autorisée, même s’il était mort ou vivant au moment où il a été conservé.
D’autre part, la conséquence inattendue et involontaire de ces politiques a été la création d’un marché de la viande de requin. La réglementation relative aux “nageoires naturellement attachées” aurait dû fonctionner, mais la motivation de vendre les nageoires a complètement neutralisé son efficacité, du fait que les industries ont pivoté pour débarquer les requins entiers et ont créé un marché de la viande pour rendre la pratique requise économique. Cette règle doit donc être renforcée par une interdiction du commerce des ailerons afin de supprimer l’incitation à capturer les requins pour leurs ailerons.

Comprendre la distinction entre "finning" VS "commerce d’ailerons" VS "ailerons naturellement attachées / requins débarqués entiers"

Il est important de comprendre la différence entre ces différents termes pour nous aider à porter au mieux la demande d’interdiction du commerce d’ailerons de requins en Europe. La terminologie entre ces termes est en effet souvent confondue, ce qui alimente les arguments opposés.

Sur le territoire européen, la pratique du “finning” est interdite et la réglementation “Fins Naturally Attached” (ailerons naturellement attachés) a été adoptée en 2013, obligeant ainsi les pêcheurs à débarquer les requins entiers au port. En d’autres termes, pas d’ailerons détachés sur les navires.

La pratique du “finning” est aussi illégale dans de nombreux pays, mais c’est une loi inefficace car très difficilement applicable. Les mesures comme “Fins Naturally Attached” sont donc plus strictes pour mettre fin à la pratique du “finning”, car elles exigent que les requins soient débarqués AVEC leurs ailerons.

Seulement ces réglementations ne sont toujours pas suffisantes, notamment car les industries en ont profité pour créer un nouveau marché et ainsi rendre la pratique économiquement plus viable pour eux : celui de la viande de requin. La motivation de vendre les nageoires a donc neutralisé l’efficacité de ces lois. C’est ce qui s’est passé sur le territoire européen.

Il est donc aujourd’hui indispensable de couper toute motivation directe au travers d’une loi plus stricte : l’interdiction du commerce d’ailerons de requins détachés, permettant de rendre illégal tout aileron détaché sur le territoire européen. Lorsque les nageoires ne peuvent être vendues ou expédiées, il n’y a plus d’incitation à capturer des requins. Cibler les requins uniquement pour leur viande n’est pas une incitation et bien que l’industrie de la pêche affirme qu’il s’agit d’un marché important, elle lutte contre l’interdiction du commerce d’ailerons parce qu’en réalité, elle utilise la viande comme un produit secondaire. Sans les revenus tirés des ailerons, la motivation diminue considérablement puisque la vente d’ailerons représente la moitié des revenus de la pêche aux requins.

Les lois relatives à l'interdiction du commerce d’ailerons de requins sont les meilleurs outils dont nous disposons actuellement

Interdire le commerce d’ailerons de requins détachés est bien plus puissant que les lois sur le “finning” et le débarquement entier des corps (loi “Fins Naturally Attached”), mais évidemment plus faibles qu’une interdiction totale de la pêche aux requins ou que la création de zones entièrement protégées.

Mais à en juger par la longueur et la difficulté du chemin parcouru pour faire adopter une loi limitant la pêche, cet objectif d’interdire la pêche aux requins serait donc extrêmement difficile à atteindre.

C’est pour cela qu’en attendant, notre meilleure chance est de créer des lois faciles à appliquer afin de maximiser les capacités limitées de contrôle et d’application de la loi dans presque tous les pays. L’interdiction du commerce d’ailerons de requins est donc le meilleur outil que nous avons à disposition pour assurer une meilleure protection aux requins à l’heure actuelle.

Et en ce moment, nous avons une opportunité unique de la mettre en place sur le territoire européen. Dans le monde, ces réglementations sont de plus en plus mises en place. Le Canada, les Etats-Unis, le Royaume-Uni ont déjà pris la décision d’interdire le commerce d’ailerons sur leur territoire, il est temps que l’Union européenne suive ce chemin et prenne son rôle de leader en matière de protection de l’Océan au sérieux.

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